Imaginez qu’au lieu de vous prescrire des médicaments pour une maladie et de vous faire subir de longs traitements, des visites médicales et un suivi thérapeutique, on vous proposait un package pour guérir en trois mois ! C’est une des pistes proposées par des experts de l’industrie pharmaceutique. Il semble qu’il est possible aujourd’hui de forfaitiser certains traitements tout en maîtrisant leur résultat à terme. Ainsi, l’hépatite C pourrait être traitée en trois mois pour un coût global de l’ordre de 40.000 euros, mais qui pourrait être forfaitisé à 28.000 euros via des conventions avec l’assurance maladie. Ce qui reviendrait beaucoup moins cher que la somme des coûts générés pour traiter cette maladie dans la durée.
C’est ce genre de pistes qui semblent explorées par des start-ups de l’industrie pharmaceutique qui cherchent à proposer des solutions innovantes pour associer bien-être des patients et réduction des charges des assurances maladies. Ce qui explique cette effervescence ? La convention pharmaceutique arrive à échéance et un nouvel accord pour cinq ans doit être trouvé. L'objectif partagé avec les syndicats représentatifs étant de limiter l'impact de la baisse du prix des médicaments orchestrée par les pouvoirs publics sur la marge des officines. Ainsi, lors de la première séance de discussion, l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) a tracé les grandes lignes d'une réforme du mode de rémunération des professionnels et le secteur semble s’interroger sur la manière d’innover en révisant son modèle économique.
Ce débat est accentué par une enquête ouverte par l’UE sur les prix abusifs des médicaments d'Aspen. Le 15 mai 2017, la Commission européenne a ouvert une enquête contre le laboratoire sud-africain, soupçonné d'avoir largement profité de sa position "dominante" pour facturer à des prix excessifs cinq médicaments anticancéreux. De ce fait, l'industrie pharmaceutique va être obligée de modifier sa communication et même, peut-être, son modèle économique selon Philippe Pouletty, cofondateur et directeur général de Truffle Capital qui s’est exprimé à ce sujet dans l’émission Good Morning Business du mardi 16 mai 2017, présentée par Stéphane Soumier, sur BFM Business.